Accueil Cafés Albert : un torréfacteur tourné vers l’avenir

Cafés Albert : un torréfacteur tourné vers l’avenir

 

Torréfacteur vendéen depuis 1948, les Cafés Albert ont développé un modèle d’entreprise résolument tourné vers l’avenir. Dans cette interview riche et dynamique, Matthieu Tougeron, actuel gérant, nous raconte l’histoire, les valeurs et les engagements de cette Maison de la Roche-sur-Yon.

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Cafés Albert : une histoire vendéenne

 

En 1948, un certain M. Albert ouvre une épicerie fine. Au sortir de la guerre, il est le seul à proposer du café. Les bars viennent s’approvisionner chez lui et c’est ainsi qu’a démarré l’histoire des Cafés Albert. Depuis leur création, ils font intégralement partie du paysage vendéen.

« M. Albert était un visionnaire. » Nous explique Matthieu. « Après avoir ouvert son épicerie, il décide de créer une usine de torréfaction. On dit qu’elle embaumait toute la ville. On en entend encore parler aujourd’hui. À l’époque, M. Albert se développe sur l’activité CHR puis il se diversifie avec l’avènement de la grande distribution. Il décède dans les années 1980. L’entreprise est rentable alors elle attire des investisseurs. Elle est revendue 2-3 fois. »

Suite à ces reventes successives, c’est finalement le grand-père de Matthieu qui reprend l’affaire.

« Mon grand-père, lui aussi visionnaire, avait créé une entreprise dans la distribution de livres. À 75 ans, on lui propose les cafés Albert. Il avait envie de garder ce patrimoine vendéen chez lui alors il a accepté. »

 

De Nestlé aux Cafés Albert : le parcours de Matthieu Tougeron

 

« Aujourd’hui, j’ai 43 ans. À l’époque, j’ai 25 ans et je suis chez Nestlé dans l’activité café. Je décide de lancer ma structure en distribution automatique. Mais j’ai mis le doigt dans l’entreprise familiale et j’ai finalement pris la place de la direction. »

Au moment de sa prise de poste, Matthieu nous raconte les difficultés qu’il a rencontrées et comment il y a fait face.

« L’outil de production était le même qu’aujourd’hui mais on avait loupé le virage de l’activité commerciale. La situation n’était pas gagnée. Alors on a fait un deal : on a fait construire une jolie usine colorée et on a acheté des machines dernières génération toutes connectées. Elles permettent de produire plus de 250 tonnes de cafés en étant seulement 2 personnes. On a aussi créé le secteur de la distribution automatique. »

De formation commerciale, Matthieu éprouve une belle satisfaction à vendre du café.

« Le café, c’est sympa : on vend de la convivialité. Quand on vient, les gens sont contents de nous voir. Ils savent qu’on leur vend quelque chose qui leur fait plaisir. »

 

Un quatuor de clients pour les Cafés Albert

 

« Notre activité, c’est 60 % de distribution automatique, c’est-à-dire pour les grandes et petites entreprises. Pour ça, il y a une équipe de 20 personnes. Ensuite, on a toujours les CHR, environ 15%. Les commerciaux vont alors livrer dans tout le Pays de la Loire. Après, on a l’activité de grande distribution. C’est a peu près 10%. Mais on s’est amusé à développé d’autres secteurs. Maintenant, on a une activité boutique. »

Les boutiques des Cafés Albert s’appellent Maison Albert. Innovantes et engagées, elles apportent de la nouveauté dans le monde de la torréfaction conventionnelle.

« (…) Les boutiques Maison Albert ont un concept particulier autour du café mais aussi autour de l’environnement et de l’humain. Chaque café a un projet avec un concept boutique. Par exemple, on a un café du Rwanda récolté par une coopérative de femmes. Un café de Colombie qui vient en bateau, donc 0 carbone. Un café de Bolivie produit par le fils d’un mécanicien qui a relancé le café en Bolivie. »

Aujourd’hui, les Cafés Albert font 6 millions de chiffre d’affaires annuel et comptent quasiment 50 personnes.

 

Écologie et bien-être des salariés : les valeurs clés de la Maison

 

La mise en place d’un écosystème

 

Au fil du temps, les Cafés Albert ont créé un véritable écosystème. Pleinement orientée vers le bien-être des salariés et de la planète, la direction a fait de l’humain et de l’écologie son cheval de bataille.

« On mesure les valeurs de l’entreprise au taux de turnover et au nombre de CV sur les bureaux. » nous confie Matthieu. « En réalité, on a personne qui part car on a misé sur le sociétal. Les collaborateurs ont des primes, un 13ème mois, des primes qualité et des moments de convivialité récurrents et importants. Par exemple, bientôt, on part tous ensemble au Puy-du-Fou pendant une journée. L’humain est une valeur forte pour nous. »

Conscient que le café est une matière naturelle, Matthieu et son équipe œuvrent activement pour réduire leur impact environnemental.

« Le café vient de la terre donc on a une sensibilité forte à la valeur environnementale. Nos fournisseurs sont des producteurs alors on a toujours eu en tête de savoir comment être respectueux de l’environnement. »

Pour répondre à ces enjeux, la torréfaction a mis en place de nombreuses actions écoresponsables.

« On a créé un filiale de recyclage de gobelets c’est-à-dire qu’on ramasse les gobelets chez nos clients qui sont notés. On les ramène, on les trie, on les broie et on les emmènent dans une usine de recyclage qui en fait des boites à œufs. Ici, on a un labo de tri et on travaille beaucoup sur le marc de café. On a notre propre benne qui l’emmène dans un camion biogaz qui est transporté chez un agriculteur. Il l’épand ensuite dans son champ. On prend tout en charge. »

 

Une volonté accrue de cohérence

 

Pour Matthieu, cette démarche s’inscrit dans une volonté de cohérence globale.

« On est des vendeurs d’expériences. On essaie d’emmener les clients dans notre projet. En ce moment, on travaille sur l’arrêt complet des gobelets. On propose des mugs et des gourdes. Le prochain projet, c’est l’arrêt des bouteilles en plastique. On aimerait aussi travailler pour faire du pelé à partir de marc de café. »

Afin de sensibiliser ses collaborateurs, Matthieu a fait installer une ruche sur le site. Pour lui, c’est également une belle métaphore de la relation qu’il entretient avec ses équipes.

« L’image de la ruche c’est que je suis la reine. Les abeilles vont défendre la reine, chercher le pollen et défendre la ruche. Mais si l’un des groupes disparait, la reine meurt. Le message est clair : on a  besoin de tout le monde. »

Pour notre vendéen, l’écosystème fait la force des Cafés Albert. Tant pour les salariés que pour les clients.

« Tout ce qu’on a créé au fur et à mesure des années paye aujourd’hui. L’entreprise reste compétitive, on a fait 30% de chiffre en plus cette année. Je pense que les clients apprécient l’écoresponsabilité et notre démarche sociétale. »

 

Les Cafés Albert : « ambianceurs de salle de pause« 

 

Pour Matthieu, les Cafés Albert sont des conteurs d’histoires. Des hommes et des femmes qui aiment leur produit et le partagent avec passion et respect.

« Ce qui nous distingue c’est que malgré la hausse du café, on s’est attelé à garder nos recettes. Il y a une continuité dans nos recettes et dans notre torréfaction. On s’approvisionne aux mêmes endroits avec les mêmes produits. L’image qu’on dégage fait aussi notre force. On est une entreprise impliquée et engagée pour participer à changer les choses. Avec nous, les clients rentrent dans une histoire, un écosystème. J’aime bien dire qu’on est des ambianceurs de salle de pause. On raconte des histoires autour de notre produit. »

 

Parlez-nous de vos produits

 

Au sein des Cafés Albert, les produits sont différents selon les clients.

« Les cafés de spécialité sont destinés aux boutiques. On a un maitre torréfacteur qui torréfie artisanalement. Il y a du bio, de l’équitable et on fait aussi nos mélanges. Quand il y a du robusta, il vient d’Inde. En grande distri, ce sont des cafés conventionnels. Pour les bureaux, on travaille avec deux marques, italienne et suisse : Jura et Voca. On a sélectionné un produit qu’on a travaillé avec notre fournisseur, c’est un café haut de gamme. »

 

Le partage comme moteur d’adhésion au Groupement Émeraude

 

Si Matthieu n’a pas encore eu l’occasion de participer à l’une des réunions annuelles du Groupement, il est conscient de la force que représente cette union.

« On est torréfacteurs alors il faut partager, échanger, voir ce que fait l’un, l’autre, les bonnes pratiques. On a toujours à apprendre. Ça permet aussi de discuter approvisionnement et matériel. »

 

Quelles sont vos ambitions pour la suite ? 

 

« Déjà, il y a ces recherches sur le pelé. On va aussi ouvrir une nouvelle boutique Maison Albert sur la grande place.(…) Notre ambition c’est de conforter nos secteurs qui sont en progression. Pour ça, on veut développer des franchises extérieures au département sur la distribution automatique. C’est en plein essor. On a aussi une vraie carte à jouer sur les fontaines à eau. »

Parfaitement conscient de la conjoncture actuelle, Matthieu nous explique son choix de la diversification.

« Le café n’est pas fait chez nous donc on ne maitrise pas le produit. Ce qui m’inquiète, c’est l’avenir de la ressource. Le café est amené à augmenter et jusqu’à quand, on ne sait pas. C’est pourquoi on développe autant d’écosystèmes autour pour valoriser notre prestation et notre produit. »

Une anecdote pour finir ?

 

« À vrai dire, ce sont souvent les clients qui nous donnent les bonnes idées. »

Loin de s’attribuer totalement le mérite du succès de l’entreprise, Matthieu nous raconte comment l’échange et la collaboration ont fait grandir les Cafés Albert.

« Je vous donne le contexte. La Vendée, c’est une région assez dynamique. Parmi nos connaissances, on a une personne qui a des concessions auto sur toute la France. Des grosses marques. On essaie de se lancer sur l’entreprise mais mon contact me dit qu’on ne parviendra jamais à rentrer chez eux car ils ont des contrats monde avec Nespresso. »

Face à la situation, Matthieu lui souligne le manque de cohérence entre la vente de véhicules électriques et la consommation de capsules Nespresso, assez polluantes. À la place, il souhaite lui proposer du café en grain Cafés Albert, un meilleur argument de vente selon lui.

« Finalement, il me rappelle 15 jours plus tard. Aujourd’hui, on équipe 500 concessions en France, en Belgique, en Suisse et en Angleterre. »

Une belle victoire pour le torréfacteur artisanal face au géant du café.

Mais le conflit entre Nespresso et les Cafés Albert est bien plus ancien.

En 2000, avant que Matthieu ne rachète l’entreprise, une publicité de Nespresso avait dénigré le torréfacteur. Après une longue bataille juridique, les Cafés Albert ont finalement eu gain de cause : la publicité a été retirée.

Pour Matthieu, c’est un soulagement : « le petit a mangé le gros. L’anecdote est très répandue par ici et fait encore mal à Nespresso. »

 

Nous remercions chaleureusement Matthieu pour le temps accordé dans le cadre de cet échange. Nous avons hâte de connaitre la suite des aventures des Cafés Albert !

 

 

 

 

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