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Cafés René : rencontre avec le torréfacteur historique de Corse-du-Sud

 

C’est depuis son atelier d’Ajaccio que Jérôme Michel nous a accordé cette interview. Avec bonne humeur et enthousiasme, il nous a retracé son parcours ainsi que l’histoire des Cafés René en nous partageant sa vision pour l’avenir.  Adhérent du Groupement Émeraude depuis 2019, il a également adressé ses ambitions pour le futur de l’association

Jérôme, racontez-nous l’histoire des Cafés René ?

À travers une maîtrise parfaite du sujet, notre gérant nous ramène près de 100 ans en arrière aux débuts de la torréfaction.

« La torréfaction existe depuis 1930. C’était la 1ère torréfaction de Corse. À l’époque, beaucoup de torréfactions portaient le prénom du fondateur, d’où le nom des Cafés René. En l’occurrence, c’était René Conter qui détenait la torréfaction avec 2 autres activités ; l’une qui vendait des pâtes et l’autre une fameuse marque de chewing-gums. En 1960, Monsieur Belletrud a racheté l’entreprise mais n’a pas eu les moyens de faire de même pour les 2 cartes commerciales. Dommage ! » ajoute-t-il en riant.

Après le rachat par Monsieur Belletrud qui l’exploite jusqu’en 1985, le père de Jérôme, Guy Michel, s’associe à lui. Quelques années plus tard, ils mettent fin à leur collaboration tandis que Jérôme rejoint l’aventure.

« À mon tour, je suis devenu gérant en 1988 et j’ai racheté les parts de mon père en 1992. Je les partage aujourd’hui avec mes 2 enfants, Stéphane et Christophe. Pour gagner en modernité, on a aussi créé la marque Carpe Diem. La société reste toutefois Cafés René.

Quelles sont les activités des Cafés René ?

Installée à Ajaccio, la société des Cafés René comprend un atelier de torréfaction principal, une boutique de vente ainsi qu’un stand au marché.

« Côté B2C, on a la boutique, le site et on va bientôt relancer une gamme de café supérieur en grande distribution. Elle sera consacrée aux cafés grain pour les robots café. On a imaginé un packaging moderne, avec un site internet dédié accessible depuis un QR code inscrit sur le paquet. Concernant le B2B, les ventes aux entreprises ont été boostées par le COVID car les bars étaient fermés. On est également présents pour les clients de l’hôtellerie et de la restauration. On leur fournit du café, du thé, des produits accessoires comme le jus d’orange mais aussi les machines à café et le SAV qui va avec. »

Vous pouvez commander les produits des Cafés René sur leur e-shop en cliquant ici !

« Ma mission : passer les rennes à mes enfants« 

Technicien piscine de ses 23 à ses 25 ans, Jérôme Michel a rapidement rejoint l’entreprise et repris la gestion.

« Mon père ayant eu des problèmes de santé, c’est ce qui m’a fait prendre part à l’aventure. Aujourd’hui j’ai 65 ans et je comprends son stress ! » avoue-t-il sans détour. En riant franchement, il ajoute : « Aujourd’hui, ma mission, c’est de passer les rennes à mes enfants ! Je ne prends plus aucune décision sans leur en parler parce que l’avenir de la boîte, c’est eux ! »

Quelles sont les valeurs des Cafés René ?

« On met un point d’honneur à travailler avec un importateur qui partage les mêmes valeurs que nous : agriculture raisonnée, bio, pas d’enfants dans les plantations etc. On ne fait pas de produits bas de gamme : on paye un peu plus cher le café et on le vend cher parce qu’on fait un travail de qualité. Concrètement, on essaie d’avoir une démarche respectueuse de l’environnement. Par exemple, on a 2 véhicules électriques pour l’entreprise et tous nos emballages sont recyclable. »

« Engagement et sérieux » : les forces des Cafés René

« Nous sommes 4 torréfacteurs artisanaux sur la Corse : à Ajaccio, Bastia et L’ile Rousse. Nous nous distinguons parce qu’on n’est pas forcément sur les mêmes marchés. Aujourd’hui, nos concurrents sont beaucoup de revendeurs nationaux comme Kimbo, Malongo, Lavazza, Segrafredo etc. Nous, on essaie de mettre en avant le circuit-court au maximum, la proximité et d’expliquer aux clients restaurateurs qu’on fait le même métier. Comme eux, on cuisine notre café, on le sélectionne, on l’assemble, on le mélange et on le torréfie chez nous. Pour 1kg de café, c’est 3 emplois minimum. On garde la valeur ajoutée ici. »

Élus meilleurs torréfacteurs en 2010 et 2011, Jérôme et son fils Stéphane s’engagent avec toute leur équipe pour offrir du professionnalisme et de la qualité à leurs clients. Christophe, lui, s’oriente davantage sur la partie technique avec les différentes machines et moulins. Il s’occupe de faire les sauts périlleux pour satisfaire et dépanner les clients.

« Engagement et sérieux. Ce sont nos forces aujourd’hui. Quand un hôtel de Porto-Vecchio nous appelle le samedi pour une machine en panne, on n’y va. On fait 5 heures de route dans la journée pour qu’ils puissent préparer leurs petits-déjeuners du dimanche. »

« En B2B ou B2C, on propose des produits qu’on ne trouve pas ailleurs« 

Pour Jérôme, cette posture est une évidence. Pas question d’offrir aux clients ce qu’ils connaissent déjà.

« Sur la boutique, on propose à la vente des cafés de spécialité qui changent régulièrement car le café a une saisonnalité. On n’a donc pas toujours le même café. Aussi, on travaille toujours avec des petits producteurs.

On propose aussi une gamme de thés en vrac assez importante avec une centaine de référence de la marque George Cannon. D’après les spécialistes, ce sont parmi les meilleurs thés ! Enfin, on propose aussi des chocolats vietnamiens en tablette créés par des Français ou encore du granola bio très riche nutritivement. Même mon médecin en achète et en vante les mérites à chaque fois qu’il vient à la boutique ! » s’exclame-t-il en riant.

Et comment ça se passe pour la torréfaction ?

« À l’atelier principal, on a une méthode de torréfaction traditionnelle qu’on adapte naturellement aux origines et à la météo. À la boutique, la torréfaction est plus délicate. C’est mon fils Stéphane qui s’en occupe. D’ailleurs, nous avons fait un rétrofit sur notre torréfacteur. Il est désormais connecté à un logiciel qui permet d’avoir des courbes de torréfaction. Ça nous évite de le faire à l’ancienne, quand on le faisait à l’œil au nez, au bruit et à la température ! » plaisante-t-il.

Concernant l’origine des produits, Jérôme Michel les choisit avec soin :

« On travaille majoritairement avec les pays d’Amérique centrale et d’Asie comme le Costa Rica, le Mexique, l’Inde et le Vietnam. En Afrique, l’Éthiopie travaille très bien le café et possède beaucoup de variétés de plantations. Aujourd’hui, on a 5 cafés éthiopiens différents à la torréfaction. »

Pourquoi avez-vous adhéré au Groupement Émeraude ?

Très humain et friand de relations professionnelles collaboratives, Jérôme voit dans le Groupement une source d’aides extrêmement utiles et positives.

« Le fait que les membres travaillaient avec des fournisseurs avec lesquels je travaillais déjà m’a attiré. Grâce au Groupement, on a des prix intéressants chez certains d’entre eux. Aussi, j’aime le fait qu’on ait des échanges concrets entre torréfacteurs. Grâce à WhatsApp notamment, ça nous permet de nous dépanner rapidement et de trouver des solutions. Par exemple, en octobre, je me suis questionné sur une problématique de l’URSSAF et un confrère, qui avait rencontré la même situation, a pu m’apporter une solution rapide. En fait, avec le Groupement, on met en commun des compétences et des connaissances, on échange sur des questions fiscales, les contrats CHR etc. Ça se transforme presque en « mini-syndicat !«  »

Pour Jérôme Michel, le Groupement Émeraude incarne une véritable communauté participative :

« Outre les échanges fréquents à distance, on se voit 2 fois par an pour échanger, savoir comment on travaille, apprendre les uns des autres, partager nos bonnes pratiques etc.  L’année dernière, c’est nous qui recevions les adhérents ici, à Ajaccio. C’était super ! Ça nous ouvre vraiment l’esprit. Cette année, on va en Italie, chez notre partenaire Nuova Simonelli. »

Pour avoir un aperçu des moments de partage à Ajaccio, regardez la vidéo ci-dessous :

Quelles sont vos ambitions pour la suite ?

« Passer l’été en bateau » dit-il spontanément en riant avant de poursuivre « Aujourd’hui, on a une concurrence agressive sur le marché des bars. Mais on ne va pas aller vers eux. On veut avant tout garder nos clients existants et continuer de nous spécialiser, notamment sur la partie hôtellerie et petit-déjeuner qui demandent des compétences machines dont on dispose et que d’autres n’ont pas forcément. On veut aussi développer des offres complémentaires pour le B2B. Par exemple, on fournit des fontaines à eau écologiques branchées sur le réseau d’eau. Très bientôt, on va aussi avoir des fontaines d’eau sans eau : elles récupèrent l’humidité dans l’air, la condense et permettent d’avoir accès à 40 litres d’eau par jour. » nous confie-t-il avec satisfaction.

« Il ne faut pas perdre l’âme du Groupement« 

Pour Jérôme, l’âme de l’association ne doit pas se perdre :

« Il faut que le Groupement reste petit et humain pour conserver la proximité entre les adhérents. »

« L’avenir, ce sont mes fils« 

« Pour la suite des Cafés René, l’avenir, ce sont mes fils. Je veux leur passer les rennes et faire du bateau », s’exclame-t-il à nouveau sur le ton de l’humour. Il poursuit en souriant « Mais je serai quand même toujours présent dans l’entreprise, parce que je suis incapable de ne rien faire. L’âme commerciale continuera toujours de me porter, je suis stimulé par le challenge. Je veux simplement me délaisser de la charge mentale de la gestion. Ça fait 40 ans que je fais ça, je crois que ça suffit. »

Un grand merci à Jérôme pour votre temps durant cette interview. On vous souhaite de voguer en bateau vers un bel avenir, une tasse de café Carpe Diem toujours à la main !

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