Accueil Café Launay : à la rencontre d’une torréfaction bicentenaire

Café Launay : à la rencontre d’une torréfaction bicentenaire

 

Café Launay est « une entreprise sérieuse qui ne se prend pas au sérieux« . Le ton est donné par José Matéo, dirigeant depuis 2001. Dans cette interview, il nous emmène à la découverte de cette torréfaction du Lot-et-Garonne qui a plus de 200 ans.

Café Launay : l’amour du café depuis 4 générations

 

Armé de son accent chaleureux du Sud-Ouest, José Matéo nous plonge dans l’univers de Café Launay.

« Café Launay est une très vieille entreprise lot-et-garonnaise qui a plus de 200 ans. Elle a été créée par M. Launay en 1814 et il y a 4 générations qui ont repris l’affaire depuis. (…) Quand j’ai repris en 2001, on était dans un garage situé dans une commune près de Villeneuve-sur-Lot. En 2003, j’ai construit un premier local  de 900 m2. En 2008, on a doublé la surface et il y a quelques mois, on a terminé la dernière usine de 2000 m2. Elle est complètement automatisée avec des outils de torréfaction dernier cri et de la robotisation. On a investi plus de 3 millions d’€. Aujourd’hui, on a aussi une boutique d’usine qui fonctionne très bien et qui fait épicerie fine. Il y a également le site marchand depuis 3 ans qui se développe très bien.  »

 

Du rugby au café, il n’y a qu’une passe

 

José Matéo est un ancien rugbyman professionnel. Il nous a expliqué les circonstances de son arrivée à la torréfaction.

« Je suis arrivé sur Agen en 1996 parce que j’ai eu la chance d’être professionnel de rugby. À l’époque, j’ai eu un contrat au club d’Agen pendant 4 ans aux côtés de professionnels internationaux. À ce moment-là, on était aux prémices du monde professionnel et j’étais obligé de travailler pour avoir un complément de revenu. De base, je suis issu de la grande distribution et à cette période, j’étais acheteur liquides chez Leclerc. Lors d’un rendez-vous, je suis allé chez Café Launay et j’ai été très attiré par l’odeur du café. J’ai fait un rapprochement entre le vin et le café, il y avait un peu la même puissance. »

Dans les années 2000, l’entreprise a connu de grosses difficultés qui ont poussé notre gérant à reprendre l’affaire.

« Au début, j’ai démarré comme commercial et j’ai développé une gamme destinée à la grande distribution. En mars 2001, suite à des problèmes financiers, j’ai pris des parts dans l’entreprise. On a travaillé sans relâche, on a développé de nouveaux produits et on a développé la distribution automatique qui était un secteur qui ne se faisait pas à ce moment-là. En 2011, il y avait 5 salariés qui faisaient 40 tonnes de café. Aujourd’hui, on est 64 et on fait 650 tonnes de café. »

Au fil du temps, José et son équipe ont recentré leur travail sur le Lot-et-Garonne et les départements limitrophes.

« Après le Covid, les mentalités ont changé et les gens avaient besoin de proximité dans les services. Aujourd’hui, je gère la partie commerciale et la la distribution automatique au niveau local. »

 

Un produit favori chez Café Launay ?

 

« On a des best-seller, des produits qui se vendent plus que jamais. Le marché a délaissé Nespresso pour les machines en grains alors on a une gamme de poches kilos qui explose. On fait très peu d’origines pures, on fait beaucoup d’assemblages : 100% arabica, mélange italien assez toasté avec une belle intensité, mélange Éthiopie plus gourmet. Ces 3 références sont les produits qui fonctionnent le mieux en GMS et CHR. Pour la boutique, on propose des cafés de spécialité. Par contre, on ne fait pas de stocklots ou de grinder. »

Café Launay propose également des produits bio à ses clients.

« Il y a 7 ans, je suis parti à l’aventure au Pérou avec ma fille pour sourcer directement dans les coopératives. Je voulais développer la gamme bio alors on a développé un réseau sur place et on a acheté le café en direct. On a fait pareil avec le Salvador et le Honduras. On va essayer de renouveler ceci cette année. Aujourd’hui, il y a une très bonne traçabilité des produits bio, une équipe la gère de A à Z. »

De manière plus globale, José Matéo attache beaucoup d’importance à la démarche RSE.

« Je suis très sensibilisé à l’écologie, à l’économie mais aussi à la pénibilité du travail de mes salariés. »

 

Qui sont les clients de Café Launay ?

 

« Aujourd’hui, j’ai 2 structures : Café Launay et Matéo Distribution. Café Launay va faire entre 4 et 4,5 millions d’€. Le CHR représente 10%, la boutique et le site internet 10%, le réseau de grossiste 10% et la GMS représente 70% de l’activité. Matéo Distribution, c’est ma structure pour la distribution automatique. Suite au Covid, j’ai cédé l’activité de l’Ariège, l’activité sur Bordeaux et je vais céder l’activité du 31. Je me recentre sur le Lot-et-Garonne. Pour la GMS de Café Launay, on travaille dans le grand Sud-Ouest. »

Pour ses clients, José Matéo et son équipe donnent le meilleur d’eux-mêmes.

« J’ai pour coutume de dire qu’on est une entreprise sérieuse qui ne se prend pas au sérieux. On fait le maximum avec nos moyens, on essaie d’apporter le meilleur des services et de faire en sorte que le client ait le meilleur rapport qualité prix. C’est quelque chose qui est difficile avec l’inflation, d’autant plus auprès de la grande distribution. »

 

« J’ai essayé d’apporter les valeurs du rugby à mon entreprise. »

 

Depuis la création de Café Launay en 1814, l’identité de l’entreprise a évolué à l’image de ses différents propriétaires. Avec José Matéo à la direction, la torréfaction a pris des airs d’équipe de rugby, solide et solidaire.

« J’ai modifié les valeurs des cafés Launay. En fait, j’ai essayé de construire mon entreprise comme une équipe de rugby parce que c’est le rugby qui m’a appris beaucoup de valeurs comme celle du travail, de l’humilité, de la solidarité et de la communication. J’ai essayé d’apporter ces valeurs à mon entreprise avec des moments d’échange et de convivialité. Mais ce n’est jamais acquis » nous avoue-t-il en riant. « Parce que finalement, c’est facile de partager les réussites. Mais le plus difficile, c’est de partager les mauvais moments. Aujourd’hui, j’ai une très bonne équipe, qui fait tout ce qu’il faut pour répondre aux attentes de nos clients. »

Désormais, l’esprit d’équipe et la convivialité imprègnent fortement la culture d’entreprise de Café Launay.

« On fait un braséro tous les mois : pendant cette journée-là, ce ne sont pas des collègues mais des amis. Au final, on passe plus de temps au travail qu’à la maison alors c’est important de passer des bons moments. »

 

« Notre force c’est la proximité, la réactivité, le sérieux et le service. »

 

L’ancien rugbyman est formel : les forces de Café Launay font la différence vis-à-vis des concurrents.

« Notre force, c’est la proximité, la réactivité, le sérieux et le service. Cela fait clairement la différence face aux concurrents. Aujourd’hui, ce sont les conditions sine qua non et obligatoires pour lutter contre les grands groupes et les grandes structures qui font des offres plus agressives. Chez nous, on a 5 techniciens qui préparent, réparent, démontent et installent les machines chez nos clients 6 jours sur 7. Toutes les pannes sont résolues dans la demi-journée : on a une grosse réactivité. Tous nos techniciens sont géolocalisés pour savoir lequel d’entre eux est le plus proche de la panne. Ça nous permet d’intervenir le plus rapidement possible, d’où la notion de service sur laquelle on insiste. »

 

Pourquoi avoir rejoint le Groupement Émeraude ?

 

« Je l’ai rejoint car je suis quelqu’un qui a toujours travaillé dans le collectif. En tant que dirigeant, c’est toujours intéressant de voir comment les confrères travaillent et comment les gens réagissent par rapport à certaines situations, quelles sont leurs filières d’achat, leurs tarifs… Le Groupement Émeraude permet de partager son expérience et ses problèmes. »

Concentré sur l’ouverture de son usine, José Matéo n’a pas encore eu le temps d’assister à l’une des réunions organisées par les adhérents.

« Je suis le mauvais élève du Groupement » s’exclame-t-il en riant. « Je le ferai l’année prochaine, obligatoirement. »

Pour notre dirigeant, le futur du Groupement Émeraude doit continuer d’être axé vers le collectif.

« À plusieurs, on a de meilleures capacités à négocier les volumes. Tout seul, on a aucun poids. Il faut persévérer pour mutualiser certains achats ou postes importants comme l’énergie ou certains achats de café d’origine pour apporter encore plus de qualité et de traçabilité. »

 

L’avenir de Café Launay : vers un héritage réaliste et transparent

 

« Ma vision de l’avenir n’est pas très compliquée. J’ai 53 ans aujourd’hui, j’ai une fille qui a 15 ans, je lui laisse 10 ans pour choisir sa voie » nous précise José avec humour. « Plus sérieusement, ma fille adore Café Launay depuis toujours alors j’essaie de la faire réfléchir aux avantages et inconvénients de reprendre l’entreprise. J’essaie de lui inculquer la valeur du travail et des choses mais je veux aussi lui montrer la difficulté de l’entrepreneuriat et la difficulté avec l’humain qui s’est accentuée depuis ces 5 dernières années. »

Selon José Matéo, la gestion d’entreprise pourrait être plus compliquée pour sa fille que pour lui.

« L’embauche, les RH, comment motiver, comment faire rester ses salariés, comment les comprendre… Les mentalités ont changé et c’est compliqué de cerner les profils et de les fidéliser. J’ai toujours été très transparent avec elle pour qu’elle soit consciente de ce que ça implique et des difficultés qu’elle va rencontrer. Je ne veux pas qu’elle se sente obligée de reprendre l’entreprise par défaut ou pour me faire plaisir. »

 

Voyage au Pérou père-fille : un souvenir mémorable

 

Une anecdote à raconter ? José en a plusieurs. Parmi elles, il a choisi de partager un souvenir précieux : le voyage au Pérou avec sa fille.

« Ma plus belle aventure, c’est le voyage que j’ai fait avec ma fille au Pérou. C’était il y a 7 ans, on est partis en sac à dos. On a atterri à Lima et le deuxième jour de notre arrivée, on a pris le bus qui traverse toute la Cordillère des Andes. On a partagé ce bus avec des locaux pendant 15 à 16 heures. Plusieurs fois, on a cru qu’on allait mourir tellement on était fatigués » nous révèle José en éclatant de rire.

Après quelques secondes, il reprend son récit. « L’objectif de ce voyage, c’était d’aller visiter les coopératives donc quelqu’un était censé attendre à notre terminus. Le problème c’est qu’à notre arrivée à Mercedes vers 4 heures du matin, personne ne nous attendait. J’étais fou ! En attendant l’arrivée de nos contacts, on a pris un tuk-tuk pour nous emmener dans un hôtel. Vers 10 heures, ils sont finalement arrivés, comme si de rien n’était. Ça a été une sacrée aventure. »

 

Nous remercions chaleureusement José pour sa gentillesse et son humour. L’histoire de Café Launay n’est pas prête de s’arrêter !

 

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